VI - Talent reconnu  > Des Conrad sur la "Transat"

Kickert participa ensuite à des expositions de groupe. L’une d’elles se fit sur les paquebots de la Compagnie générale transatlantique, à l’initiative de la galerie Devambez (1), d’autres chez Bernheim-Jeune (2) et à la galerie Visconti (3). On ne sait s’il en résulta une vente. Cependant c’est sur la recommandation du directeur de la galerie Visconti que Kickert fut invité à exposer au salon de la Folle Enchère (4), en novembre, et là il vendit "Le Chêne de l’enclos" (5). Il participa aussi à une exposition des Franco-scandinaves où semblent avoir été conviés, à côté des représentants de l’art scandinave (6), le ban et l’arrière-ban du salon d'Automne. Mais c’est évidemment au salon d'Automne qui n’avait pas clos ses portes (7), que ces artistes avaient réservé leurs meilleures œuvres. L’envoi de Conrad comportait "Plage de Touanau" (8)  une plage déserte, vue par le peintre tournant le dos à la mer, et une nature morte dite des "Quat’zarts" (9). Pour Roger Allard (10) : "M. Conrad Kickert paraît ici sous le jour le plus favorable avec un paysage et une nature morte largement traités, dans une manœuvre aisée et savante". Florent Fels (11) signale "les envois ... du dramatique Conrad" ce qu’Edmond Jaloux (12) développe et nuance : "Salle VIII. Ici un très beau Conrad, un paysage véhément et nu, sur lequel bouillonne un ciel orageux ; peinture onctueuse et bien cuisinée, qui a des épaisseurs de pâte grasses et crémeuses ; âme romantique qui cherche son équilibre dans une peinture qui ne le soit pas". Waldemar George (13) a vu le paysage "roux et vert", mais Raymond Escholier (14) sans doute plus frappé, en parle au pluriel : "les violents paysages de Conrad". Tabarant (15), Vauxcelles (16) et René-Jean (17) disent du bien de la nature morte, mais J.L. Vaudoyer (18) nomme seulement Conrad, et le Telegraaf (19), Kickert. Ils sont donc une dizaine de grands critiques à avoir distingué les œuvres de Conrad au salon d'Automne. Il en manque quelques-uns, certes (20), mais le bouquet est déjà superbe et ne contient aucune épine.

(1) : Du 5 mai à fin juillet 1923, sur les trois paquebots, Paris, France et La Fayette, lorsqu'ils étaient à quai à New York.
(2) : Expositions d'aquarelles et de pastels du 3 au 16 octobre 1923 et de peintures du 21 novembre au 5 décembre 1923.
(3) : 26 rue de Seine, du 5 au 22 décembre. Le 25 août, le directeur de la galerie P. Robert-Gaudefroy avait écrit à CK, l'informant de l'intérêt porté par un client danois à une de ses natures mortes : un plat avec citrons et pommes, à côté d'un livre de parchemin sur lequel était portée sa signature (archives Gard-Kickert). La suite donnée ne nous est pas connue.
(4) : Ce salon qui avait aussi pour titre "Cent peintres" avait été organisé par la Société des amateurs d'art et des collectionneurs. Il se tint du 15 au 30 novembre 1923 au 18 rue de la Ville-l'Evêque Paris VIIIème, qui était l'hôtel de la Chambre syndicale de la curiosité. CK y exposa deux toiles :
    "le Chêne de l'enclos" 1923 (81 x 60 cm) Opus A.23-33 ;
    "Plage de Bretagne" 1923 (73 x 60 cm) Opus 23-26.
(5) : N° 89, du catalogue du salon de la Folle Enchère, acquis par M. Louis Plumont, fabricant de dés à coudre qui habitait Cormeilles en Parisis (localisation actuelle inconnue).
(6) : Vernissage le 17 novembre 1923, Maison Watteau, 6 rue Jules-Chaplain Paris VIème, durée inconnue. CK en rendit compte au début de 1924 dans le n° 2.429 de l'Amsterdammer, chronique où il estime les Scandinaves de Paris beaucoup plus solidaires que les Hollandais : "Nous avons tenté un effort l'année dernière écrivait-il et entrepris de fonder La Tulipe". Puis après des commentaires favorables sur Edward Diriks, Per Krogh, Detthow, Jacobson, il ne peut s'empêcher de faire l'éloge de l'envoi d'un Français, une minuscule nature morte "un bijou sublime, un petit Braque de presque rien - un miracle !".
(7) : Salon d'Automne au Grand-Palais. Vernissage le 31 octobre jusqu'au fin novembre 1923.
(8) : "Plage de Touanau" 1923 (81 x 100 cm) Opus A.23-37, n° 395 du catalogue du salon d'Automne ; existe aussi en 60 x 73 cm (Opus 23-06).
(9) : "Nature morte des quat'zarts" 1923 (73 x 100 cm) Opus A.23-30, n° 396 du catalogue du salon d'Automne.
(10) : La Revue universelle du 15 novembre 1923.
(11) : Les Nouvelles littéraires du 3 novembre 1923, dans l'introduction à la double page consacrée au salon d'Automne et titrée "Vernissage".
(12) : Les Nouvelles littéraires du 3 novembre 1923, ici dans la partie intitulée "la Peinture".
(13) : In l'Amour de l'art d'octobre 1923.
(14) : La Dépêche de Toulouse du 21 novembre 1923.
(15) : L'œuvre du 1er novembre 1923, sous le pseudonyme de l'Imagier.
(16) : L'Excelsior du 2 novembre 1923.
(17) : Comœdia du 31 octobre 1923.
(18) : L'Echo de Paris du 8 novembre 1923.
(19) : Article non signé du 3 novembre 1923.
(20) : Entre autres Chavance, Fosca, Kahn, Salmon, Thiébault-Sisson, Vanderpyl et Warnod.

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