I - Conrad critique d'art  > Les origines de Conrad

Johan, Conrad, Théodor Kickert naquit à La Haye le 23 novembre 1882, au numéro 10, Schoolstraat. Comme il se montra très attaché à ses origines, il faut en dire quelque chose, ne serait-ce qu'en trois paragraphes.

La mère de Conrad était née Vigelius. On remonte facilement sa filiation jusqu’à un Melchior Vigelius, né dans la région d’Essen en 1575. Les descendants de Melchior, dont beaucoup sont théologiens ou recteurs, habitent la Ruhr, mais, à la cinquième génération, Johan, Conrad, Théodor Vigelius né à Essen en 1763, se fixe aux Pays-Bas, crée un fonds d’apothicaire, ce qui lui vaut les fonctions de secrétaire de la commission d’hygiène de Delft. Il fut le père de neuf enfants. Son fils cadet n’en engendra que cinq. L’aîné de ceux-ci naquit à La Haye en 1824 et fut baptisé comme son grand-père : Johan, Conrad, Théodor. Il épousa Martina von Essen (un retour aux sources ?) qui lui donna six enfants, deux garçons et quatre filles. Nous voici au cœur du sujet, car l’une de ses filles, l’aînée de la famille, Anna, Maria, Margaretha, épousa à La Haye le 21 septembre 1881, à l’âge de trente ans, un officier qui en avait trente-cinq : Cornelis, Johannes Kickert. Le couple eut deux enfants dont l'aîné, Conrad, est le sujet de la présente biographie. Ses parents étaient socialement bien assortis, puisque les deux familles, sans avoir de titre de noblesse, étaient dûment enregistrées comme patriciennes.

Après la lignée maternelle des Vigelius, esquissons celle des Kickert. Nous pourrions écrire Kikkert car leur nom s’orthographia ainsi durant trois siècles (1), en fait, jusqu’au 9 décembre 1919 où la famille obtint de la reine Wilhelmine une rectification officielle. Ce fut sous la forme antérieure, même si elle était fautive, que s’étaient auparavant illustrés de nombreux Kickert. A partir d’un Albert Kickert, né à la fin du XVIème siècle à Enkhuizen, la famille s’enracine dans cette région. Son petit-fils, prénommé également Albert, capitaine de la milice d’Enkhuizen, épousa en secondes noces en 1670, Menhout Semeyns, dont le trisaïeul avait été gouverneur de la ville et dont l’arrière-grand-oncle avait pris pour femme Geertruid d’Egmont (2). Ainsi la famille Kickert se trouvait alliée indirectement aux descendants du comte d’Egmont, un nom illustre dans l’histoire des Pays-Bas, célébré par Goethe et Beethoven. Les Kickert fournirent eux-mêmes des personnages distingués : échevins, notaires, un régent de l’asile de vieillards et tuteur de la léproserie (comment ne pas songer à Frans Hals ?), mais surtout des officiers. Dans cet ordre de carrière, relevons celle d’un autre Albert Kickert, né en 1762, entré au service de l’amirauté hollandaise en 1776 comme aspirant (il n’avait pas encore quatorze ans), nommé lieutenant de vaisseau à seize ans ; blessé aux deux jambes à la bataille du Doggersbank en 1781 ; commandant de frégate, il est envoyé en mission aux Antilles en 1789 ; il se marie à Curaçao avec la fille d’un planteur. En 1798 il est nommé capitaine de vaisseau et, à ce titre, commandant des forces de terre et de mer de Curaçao. Lors d'un retour en Hollande, à bord d’un navire de commerce américain, il est fait prisonnier de guerre par les Anglais. Il s’évade et parvient à New York le 10 juillet 1800 d’où il retourne aux Pays-Bas. Promu contre-amiral en 1802, nommé vice-amiral en 1807 ; en décembre 1810, lors de l’annexion de la Hollande, il reste en poste au service de la France. Cela lui vaut en novembre 1813 d’être arrêté par le gouvernement provisoire hollandais ; cependant, dès décembre de la même année, il est chargé par le prince d’Orange de la conduite des affaires maritimes de Rotterdam et de la Meuse. Il est confirmé comme vice-amiral le 1er juillet 1814 ; enfin le 1er janvier 1815, il est nommé gouverneur général de Curaçao ; il meurt dans ces fonctions là-bas en 1819. Sa carrière, dans une époque aussi troublée, est curieuse mais intéressante à suivre (3).

(1) : Avant 1620, c’est sous la forme Kickert qu’était désignée la famille jusqu’à ce qu’une erreur administrative en fit Kikkert, erreur qui perdura jusqu’au début du XXème siècle.
(2) : On écrit aussi Egmond.
(3) : Il donna naissance à la branche Kikkert-Schotborgh que l’on retrouve au Surinam au XIXème siècle.

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